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posés primitivement sous l’influence d’un procédé oxydant, qui devait son oxygène à une décomposition végétale de l’acide carbonique. Ils n’ont donc fait que retourner, par l’oxydation, à leur forme primitive. Il nous suffit de pouvoir constater que l’oxygène de l’air correspond environ à la quantité de carbone déposée dans les couches sédimentaires. Il y a par conséquent probabilité que tout l’oxygène libre est dû à la vie végétative.

Une autre raison encore nous conduit à la même conclusion. Nous savons de source certaine, qu’il existe, dans l’atmosphère solaire, de l’oxygène libre, mais que toutefois l’hydrogène s’y trouve en quantités prépondérantes. M. Slipher, astronome de l’observatoire de Lowell, dans l’état d’Arizona, a constaté l’existence de grandes quantités d’hydrogène dans les atmosphères des planètes les plus éloignées du soleil, Neptune et Uranus. À l’origine des choses, l’atmosphère terrestre était sans doute de composition analogue, et par suite du refroidissement graduel, ces deux gaz se sont combinés pour former de l’eau, une certaine quantité d’hydrogène restant en excès. Il est possible que la première atmosphère terrestre ait contenu aussi des carbures d’hydrogène, car ces gaz existent dans les masses gazeuses des comètes. L’intérieur du globe expulsait, et joignait aux gaz sus-indiqués de l’acide carbonique et de la vapeur d’eau. L’azote, en vertu de sa grande inertie chimique, s’est vraisemblablement maintenu à peu près tel quel. Or, un chimiste anglais, Phipson a cru démontrer que des plantes d’organisation supérieure aussi bien qu’intérieure (la gesse des champs et certaines bactéries) peuvent vivre et se développer dans une atmosphère privée de tout oxygène mais contenant de l’acide carbonique et de l’hydrogène. Il serait donc possible qu’il y eut déjà sur la terre, certains organismes végétaux, avant que l’air ne contint de l’oxygène. Ces plantes ont dû extraire ce gaz des produits carboniques provenant des volcans. À son tour cet oxygène a dû transformer, peut-être sous l’influence de décharges électriques, l’hydrogène et ses carbures en eau et en acide carbo-