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l’évolution des mondes

de même des quantités considérables, savoir la décomposition des minéraux de la croûte terrestre.

Les espèces minérales qui arrivèrent à la surface du globe après le premier durcissement des masses fondues, de ce qu’on a appelé le magma, étaient des combinaisons de silice avec l’alumine, la chaux, la magnésie, avec un peu de fer et de soude. Ces minéraux ont peu à peu subi l’attaque de l’acide carbonique de l’air et de l’eau contenant ce même acide en dissolution. La chaux, la magnésie et les sels alcalins, puis, à un moindre degré, le fer, ont formé des carbonates solubles qui ont été entraînés par les fleuves dans l’océan. Là, les êtres vivants, animaux ou algues, se sont emparés de ces combinaisons de chaux et de magnésie. Ils les ont assimilées et les ont laissées dans leurs résidus, en sorte que l’acide carbonique s’est déposé sans cesse dans les couches sédimentaires. Högbom a calculé que les calcaires et les dolomies du globe contiennent environ 25 000 fois plus d’acide carbonique que n’en contient l’atmosphère. Chamberlin arrive à un résultat analogue, — de 20 à 30 000 fois, — mais dans son calcul il néglige les couches précambriennes. Ces estimations sont probablement encore bien trop faibles.

Tout l’acide carbonique qui se trouve aujourd’hui accumulé dans les couches sédimentaires a passé par l’état gazeux dans l’atmosphère. Un processus différent, par lequel il est absorbé, est l’assimilation qu’en font les plantes terrestres. Elles forment à son aide, en l’absorbant, des combinaisons de carbone, et rendent à la circulation de l’oxygène.

Tout comme l’attaque des minéraux, l’assimilation par les plantes est intensifiée par l’augmentation du pourcentage atmosphérique en acide carbonique. E. Godlewski, le botaniste polonais, a démontré déjà en 1872 que certaines plantes absorbent par unité de temps une quantité de ce gaz qui est tout d’abord proportionnel à la teneur atmosphérique. Telles sont les Typha latifolia (ou massette) et la Glyceria spectabilis, autre