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l’évolution des mondes

sur l’extension des glaciers dans les Alpes, ont fait voir que la température devait être de 5 degrés environ inférieure à celle d’aujourd’hui. La durée de cet état de choses a été estimée par les géologues à 100 000 ans au moins.

Antérieurement encore à cette époque, la surface du globe a dû passer par une période plus chaude d’environ 8 à 9 degrés au-dessus de la température moyenne actuelle. On peut le déduire de l’examen des plantes fossiles de l’époque dont nous parlons, qui est la période éocène. En même temps il devait régner sur la terre une uniformité de chaleur beaucoup plus grande.

Enfin les temps plus anciens encore semblent avoir présenté plusieurs variations du même genre.

Peut-on admettre que c’est à la suite de différences dans le contenu de l’atmosphère en acide carbonique, que ces changements de température se sont produits ? Högbom et après lui Stevenson ont répondu que oui. L’acide carbonique forme une fraction si peu importante de l’atmosphère que même la consommation industrielle du charbon semble pouvoir y influer. La consommation annuelle de houille a atteint en 1907 environ 1 200 millions de tonnes[1] et elle augmente rapidement. Cette quantité répand dans l’air environ 1/500e de sa teneur totale en acide carbonique. Bien que l’océan, en absorbant ce gaz, agisse comme un puissant régulateur, qui dissout environ les cinq sixièmes de celui produit, on peut concevoir que la très faible

  1. La consommation mondiale de la houille a été, en millions de tonnes, de 310 en 1890, de 530 en 1894, de 690 en 1899, de 890 en 1904, et de 1 209 en 1907.

    Une partie du charbon brûlé dans nos fourneaux passe dans l’atmosphère, avec les gaz produits par la combustion, mais sous forme de suie. On croyait autrefois que cette fine poussière de carbone était des lors perdue pour l’économie vitale de la nature, car le carbone est extrêmement résistant à tous les agents chimiques, tant que la température reste basse. On a cependant reconnu, dans les temps récents, que certaines bactéries connues sous le nom de diplocoques, attaquent ces fines poussières charbonneuses. Elles les transforment en acide carbonique, qui se répand dans l’atmosphère, ou qui devient un agent de désagrégation.