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équilibre thermique des planètes

plus grand, semblable par exemple à celui de Jupiter qui l’est 11,6 fois plus, ou à celui de Saturne, dont le diamètre est 9,3 fois celui de notre globe. Dans ce cas le rayonnement de la surface terrestre serait égal à un sixième ou à un neuvième du rayonnement actuel du soleil, en supposant que la surface de la terre fût à 360 degrés. La distance de notre lune à la terre étant de 384 000 kilomètres on en déduit sans peine que Jupiter et Saturne, — leur température superficielle étant supposée de 360°, — rayonneraient autant de chaleur vers des satellites distants de 240 000 kilomètres et de 191 000 kilomètres, que Mars en reçoit du soleil, par unité de surface.

Or, Jupiter et Saturne ont actuellement des lunes moins distantes de leur centre que les satellites hypothétiques dont il vient d’être question. Le premier en est à 126 000 kilomètres de distance, le second à 186 000 kilomètres. Il n’est donc nullement impossible que ces satellites reçoivent de leurs astres principaux des quantités de chaleur telles que la vie y soit possible, à supposer en outre qu’ils soient munis d’une bonne atmosphère protectrice. Il n’en serait peut-être pas de même pour leur éclairement. Jupiter, lorsqu’il est le plus éclairé, n’a qu’une puissance lumineuse égale à un sixième de celle du soleil ; Saturne un neuvième seulement. Cela ne représente, pour le satellite le plus rapproché, qu’un éclairement par sa planète égal à un vingt-septième ou un quatre-vingt dixième de ce que nous recevons du soleil. C’est une lumière bien faible pour le développement de la vie.

Il n’en reste pas moins que lorsque ces planètes étaient encore incandescentes, leurs satellites pouvaient fort bien être animés par la vie pendant un certain temps.

Fourier, le grand physicien français, admettait déjà (vers 1800) que notre atmosphère exerce un puissant effet protecteur contre la perte de chaleur par rayonnement. Ses idées furent plus tard développées par Pouillet et par Tyndall. Leur théorie porte le nom de la théorie de la serre chaude, parce que ces