Page:Arrhenius - L’évolution des mondes, 1910.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.
51
équilibre thermique des planètes

Parmi ces planètes, Mercure présente cette particularité de toujours offrir au soleil la même face hémisphérique. C’est pourquoi on trouve dans le tableau ci-dessus le chiffre 332 degrés entre parenthèses, qui représente la température moyenne de ladite face. Son point le plus chaud doit atteindre 397 degrés, tandis que, par contre, sa face opposée, toujours dirigée vers l’espace, doit avoir une température peu éloignée de 273 degrés, qui est le zéro absolu.

J’ai fait le même calcul pour la lune, dont la rotation autour de son axe, — en 27 jours —, est si lente, que la température de la face éclairée s’élève beaucoup. Elle doit être très voisine de celle qu’elle aurait si la même face était invariablement opposée au soleil. Cette température serait alors de 106 degrés, et son point le plus chauffé atteindrait environ 150 degrés. Par contre, les pôles de notre satellite, tout comme la face qui, pendant la même durée de 27 jours, est privée de la lumière solaire, doivent à peine dépasser le zéro absolu.

Ce résultat concorde d’ailleurs d’une façon très satisfaisante avec les mesures calorimétriques qui ont pu être faites. La plus ancienne de ces mesures est de Lord Rosse. Il trouva que la surface de la pleine lune, complètement éclairée par le soleil, rayonnait autant de chaleur qu’un corps obscur qui aurait 110° C. Une répétition de ces mesures, faite par le savant américain Very, a indiqué que le point le plus réchauffé de la surface lunaire devait avoir environ 180 degrés, c’est-à-dire environ 30 degrés de plus que ne l’indique le calcul. Notre satellite, comme la planète Mercure, n’a pour ainsi dire point d’atmosphère, et il est probable que le chiffre donné par le calcul approche beaucoup de la réalité.

En ce qui concerne Vénus, si son atmosphère est parfaite-

    rayonnement solaire a une intensité plus petite de 16 p. 100 que celle indiquée par ce tableau. Les températures, rapportées au zéro absolu de ‒273° C, seraient donc à diminuer d’environ 4 p. 100. Ainsi, par exemple, celle de la terre diminuerait de 0,04 de 273 + 6,3 degrés c’est-à-dire d’environ 11 degrés sur le chiffre du tableau.