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origine gazeuse de la terre

certain moment, « vide et sans forme »[1], cela n’est pas douteux, soit que nous admettions qu’elle était entièrement à l’état de matière fondue, — ce qui semble le plus probable —, soit qu’elle doive sa formation à une agglomération de pierres météoriques, comme l’ont supposé Lockyer et Moulton, pierres qui, arrêtées dans leur fuite à travers l’espace, seraient devenues incandescentes.

Ainsi que nous l’avons précédemment indiqué, il est probable que la terre est formée d’une masse gazeuse, enveloppée à sa périphérie par une croûte solide, dont la partie intérieure est à l’état de liquide pâteux. On admet en général, en se basant sur de solides raisons, que, primitivement, la terre s’est séparée du soleil à l’état d’un amas gazeux sphérique. C’est là, encore aujourd’hui, l’état du soleil. Par suite du rayonnement de sa chaleur vers les espaces célestes, cette sphère, très analogue, sous beaucoup de rapports, au globe solaire, a perdu petit à petit sa haute température. Une couche solide s’est ainsi formée à sa surface. Lord Kelvin a calculé qu’il n’a pas fallu beaucoup plus de cent ans pour faire tomber la température de la surface, à 100° C. Lors même que ce calcul ne serait pas absolument exact, nous pouvons néanmoins affirmer qu’entre le moment où la croûte terrestre était à 1 000 degrés, ce qui a dû correspondre au début de sa solidification, et celui où elle n’avait plus, à sa surface, que 100 degrés, il ne s’est passé que peu de milliers d’années. Aucun être vivant ne saurait, naturellement, exister à cette dernière température, attendu qu’elle suffit pour coaguler l’albumine des cellules, comme celle d’un œuf de poule. On affirme toutefois que certaines algues, que l’on trouve dans des sources chaudes de la Nouvelle-Zélande, y vivent par une température de 80 degrés. Ayant eu occasion de visiter le Yellowstone-Park, aux États-Unis, j’ai cherché si je trouverais à y vérifier l’exactitude de ce fait. J’ai seulement

  1. Genèse, ch. 1, v. 2.