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Il ne serait donc pas absolument exact de supposer qu’à 40 kilomètres de profondeur toutes les roches fussent liquides. Mais on peut également faire cette hypothèse, que certaines roches se comportent comme la diabase, étudiée par Barus, dont la température de fusion s’élève de 1 degré par 40 atmosphères de pression, ce qui correspond à 155 mètres d’épaisseur de la croûte du globe. On en déduit que l’épaisseur totale ne peut pas être plus grande que 50 à 60 kilomètres. Aux profondeurs plus grandes, tout doit être à l’état de fusion.

Dans cette masse fondue la silice, par suite de sa faible densité relative, doit se trouver prépondérante dans les couches supérieures. Les masses plus riches en oxyde de fer, celles que l’on désigne sous le nom de parties basiques du magma, sont vraisemblablement concentrées dans les régions plus profondes.

Comment convient-il de nous représenter ce magma ? Comme un liquide excessivement visqueux dont la consistance peut être comparée à celle de l’asphalte. Les silicates des roches se comportent en effet tout autrement quand la température de fusion est atteinte que ne le font les liquides ordinaires. MM. Day et Allen ont fait à ce sujet des expériences fort curieuses. Ils ont soumis à des températures excédant celle de la fusion, des bâtonnets de divers minéraux, tels que de l’albite et du microcline, qui sont des feldspaths. De petits prismes de 30 millimètres de long, sur 1 et 2 millimètres dans le sens transversal, appuyés par leurs deux bouts, ont été soumis, dans un four, à une température qui dépassait de 100 degrés celle de leur fusion. Ils ont conservé leur forme pendant 3 heures sans même se courber d’une façon sensible, tout en présentant, à la sortie du four, une apparence complètement vitrifiée, indicative d’une fusion certaine.

S’il en est ainsi, le magma central doit ne présenter que des mouvements et une diffusion des parties constituantes extrêmement faibles. Cela est surtout le cas dans les couches exté-