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conclusion générale

et un seul entre des billions ou des trillions de germes lancés vers l’infini par la force de radiation trouvera une planète jusque-là sans vie, pour y devenir le point de départ d’organismes multiples.

Cette version de la panspermie nous conduit donc en fin de compte à admettre que les êtres organisés de l’univers entier ont une certaine parenté. Ils consistent en cellules, formées des combinaisons diverses du carbone, de l’hydrogène et de l’azote. Le rêve qui nous fait voir des mondes habités par des êtres vivants, dans la constitution desquels le carbone serait remplacé, par exemple par du silicium ou par du titane, tombe dans le domaine des improbabilités. Il est vraisemblable que la vie, transportée dans d’autres mondes habités, se complaît dans des formes qui doivent être apparentées de près à celles de notre globe.

Nous arrivons donc aussi à cette conclusion que la vie est sans doute obligée à un recommencement perpétuel. Partant des formes les plus inférieures, elle doit parcourir toutes les étapes du développement progressif, absolument comme l’individu, si richement organisé qu’il soit, a pour point de départ une cellule élémentaire.

Toutes ces conclusions s’accordent admirablement avec ce qui, sur la terre, caractérise la vie. On ne saurait se refuser à admettre que, sous cette forme, la doctrine de la panspermie se distingue par une grande harmonie, ce qui est une des meilleures pierres de touche pour la vérité probable d’une doctrine cosmogonique.

Il est peu probable que la justesse de cette doctrine puisse jamais être prouvée directement par l’examen des germes que l’air nous apporte et que nous pouvons recueillir. Les germes qui arriveraient jusqu’à nous, originaires d’autres corps célestes, sont extrêmement peu nombreux. La surface entière de la terre n’en recueille sans doute que quelques-uns par an. Ils ressemblent d’ailleurs probablement beaucoup aux spores