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l’évolution des mondes

de leur côté être emportés jusqu’à d’autres systèmes solaires, et finalement arrêtés dans leur course par la force répulsive de ces soleils. Ils ne peuvent pas en approcher plus près qu’à la distance où ils rencontreront une force répulsive égale à celle qui les a mises en mouvement. Des germes provenant de notre globe, qui est cinq fois plus rapproché du soleil que Jupiter, pourraient approcher d’un autre soleil cinq fois plus près que ceux qui auraient eu pour point de départ cette planète.

Le voisinage des soleils qui pourraient retenir, par leur radiation, les germes qui en approchent, et les rejeter vers l’espace, sera évidemment rempli d’une multitude de ces corpuscules. Les planètes qui suivent leurs orbites autour de ces soleils sont évidemment dans des conditions meilleures pour en recueillir, que s’ils ne se trouvaient pas sous la dépendance de ce soleil. De plus, les germes auront à ce moment perdu la vitesse considérable qui les animait pendant leur trajet d’un système à un autre ; en tombant dans l’atmosphère de ces planètes ils s’échaufferont par conséquent beaucoup moins.

Au voisinage des soleils, les germes qui sont repoussés vers l’espace trouvent encore des particules dont le poids est un peu plus grand que la force répulsive de la radiation, et qui par conséquent retournent vers ces astres. Tout comme les germes, ces particules seront retenues dans le voisinage des soleils. Il y a donc une très grande probabilité que ces germes minuscules, par leur fixation sur des poussières, seront empêchés de s’en aller vers l’espace et se trouveront, au contraire, entraînés vers des planètes plus voisines du soleil.

Il est possible que ce soit de cette façon que la vie ait été, depuis des temps infinis, transmise d’un système solaire à l’autre, ou de planète à planète dans un même système. Mais, parmi les billions de grains de pollen que le vent emporte d’un seul arbre, — un pin par exemple, — il n’y en a peut-être qu’un seul qui, en moyenne, devienne le germe d’un arbre nouveau. Il en est de même sans doute pour les germes errants,