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l’évolution des mondes

l’étoile fixe la plus proche, α du Centaure, cette radiation est vingt milliards de fois moins puissante encore. Sa lumière semble ainsi devoir être à peu près sans danger pendant le trajet des spores.

Si donc les germes des plus petits organismes de notre globe pouvaient se détacher de lui, ils se répandraient de tous côtés, et l’univers en serait en quelque sorte ensemencé. Mais ici se présente la question : comment peuvent-ils se dégager de l’effet de la pesanteur terrestre ? D’aussi petits corpuscules, légers comme ils le sont, peuvent être facilement entraînés par les courants aériens. Une gouttelette de pluie, d’un diamètre d’un cinquantième de millimètre, tombe vers la surface de la terre, par une pression atmosphérique moyenne, à raison de 4 centimètres par seconde. Cela permet de calculer qu’un spore de bactérie, dont le diamètre ne serait que de 0,00016 mm., ne tomberait que de 83 mètres dans l’espace d’une année. Il en résulte que des corps aussi petits suivront inévitablement tous les courants atmosphériques, et pourront monter jusque dans les régions où l’air est très raréfié. Un courant d’air, qui aurait 2 mètres de vitesse par seconde, les enlèverait facilement à une hauteur où la pression ne serait plus que de un millième de millimètre de mercure c’est-à-dire à environ 100 kilomètres d’altitude. Aucun mouvement de l’air ne saurait cependant les expulser de l’atmosphère.

Pour expliquer que des spores puissent s’éloigner encore davantage de la terre, il faut donc l’intervention d’autres forces. Nous savons déjà que les actions électriques peuvent nous sortir de beaucoup de difficultés. À des hauteurs telles que 100 kilomètres, nous trouvons les phénomènes de radiation des aurores. Or, nous croyons que ces aurores sont causées par les décharges électriques de grandes quantités de poussières chargées négativement, et provenant du soleil. Si donc un spore venant de la surface terrestre se charge d’électricité négative par suite de sa rencontre avec ces poussières, il peut être