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la panspermie

contrent dans l’espace, une grande partie des deux entre sûrement en fusion. Mais il semble tout aussi certain que, dans nombre de cas, une quantité d’éclats sont lancés dans l’espace dans toutes les directions. Il se peut que beaucoup d’entre eux ne subissent pas de dommage plus grand que les blocs de roches qui tombent du haut d’une montagne, ou que l’on a fait sauter à l’aide d’un explosif. Si notre terre, dans son état actuel, avec son revêtement de végétation, venait à rencontrer un corps à peu près de même importance, un grand nombre de fragments, grands et petits, porteurs de semences, de plantes vivantes, d’animaux, seraient sans aucun doute dispersés dans l’espace. Comme il a indubitablement existé, depuis des temps infinis, des mondes porteurs d’êtres vivants, nous devons considérer comme fort probable qu’il existe une infinité de pierres météoriques, chargées de germes, errant dans l’espace. Or, s’il n’existait sur la terre aucune forme de vie, une semblable météorite, si elle tombait à sa surface, pourrait faire en sorte que la vie s’y développât. Je sais fort bien que cette hypothèse est sujette à de nombreuses objections scientifiques, et je ne veux pas fatiguer votre attention, en ce moment, à les discuter. Tout ce que je désire dire, c’est ma conviction que ces objections sont susceptibles de réfutation. »

Nous regrettons de ne pas partager sur ce point l’optimisme de Lord Kelvin. Il est tout d’abord douteux que des êtres vivants puissent supporter le formidable choc qui causerait l’écroulement de deux mondes. Ensuite nous savons qu’une météorite tombant sur la terre devient incandescente sur toute sa surface, conséquence de son frottement dans l’atmosphère qu’elle traverse. Toute semence y perd sûrement sa puissance germinative. D’ailleurs les météorites sont constituées d’une façon absolument différente que ne le serait un fragment de la croûte d’une planète analogue à la terre.

Les plantes se développent presque exclusivement dans les couches meubles de la surface terrestre. Un fragment de