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l’évolution des mondes

des organismes flottant très haut dans l’air peuvent être attirés par un météore passant, et se trouver ainsi lancés dans l’espace et portés jusqu’à d’autres corps célestes. Si, malgré tout, une météorite pouvait porter à sa surface des germes susceptibles de vie, ils seraient certainement brûlés dans l’atmosphère de la terre, ou de tout autre planète similaire, lors de sa chute.

Sur un point, toutefois, nous devons donner raison à Richter. Son affirmation est pleine de logique lorsqu’il dit ceci : « L’espace mondial est rempli de corps (peut-être suffisait-il de dire qu’il en contient) en voie d’évolution, d’autres déjà mûrs, d’autres enfin mourants, où nous comprenons comme mûrs, ceux qui sont en état d’héberger des organismes vivants. Nous concevons par conséquent l’existence de la vie organique dans l’univers comme éternelle : elle fut de tout temps, elle s’est propagée d’une façon continue, toujours sous la forme d’organismes vivants, de cellules et d’individus composés de cellules. »

Les hommes ont jadis creusé le problème de la création de la matière, mais ils ont abandonné ces spéculations depuis que le progrès a démontré que la matière est indestructible, et ne peut être que transformée. De même que jamais, par des raisons de même ordre que celles concernant la matière, nous ne posons la question de savoir quelle est l’origine de l’énergie de mouvement, de même aussi nous pouvons bien nous habituer à la pensée que la vie a toujours existé, et que c’est un travail inutile de chercher à en connaître l’origine.

Les idées de Richter furent adoptées par le célèbre botaniste Ferdinand Cohn, qui, en 1872, les fit connaître dans une conférence populaire. Mais la plus connue des affirmations dans ce sens est peut-être celle du grand physicien, Sir William Thomson, plus tard Lord Kelvin, qui, en 1871, tenait le langage suivant, dans son discours inaugural du Congrès des naturalistes anglais, à Édimbourg : « Lorsque deux corps célestes se ren-