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équilibre entre force répulsive et gravitation

soleils. Si le monde avait des limites, comme on le supposait jadis, c’est-à-dire si les étoiles étaient groupées en un seul grand amas, autour duquel il n’y aurait qu’une immensité vide, les masses poussiéreuses envoyées au loin par les soleils en vertu de la force répulsive seraient perdues dans cet infini, comme on le suppose en général pour l’énergie de radiation des mêmes corps.

L’évolution des mondes devrait en ce cas avoir trouvé sa fin depuis longtemps, par suite d’une sorte d’anéantissement de la matière et de l’énergie. L’inanité de ce point de vue a été expliquée entre autres par Herbert Spencer, lorsqu’il fit voir qu’un cycle devait exister dans l’évolution du monde. Cela est manifestement nécessaire, si un système quelconque doit indéfiniment avoir une existence. Nous trouvons dans les parties froides, gazeuses, diluées des nébuleuses, l’élément du mécanisme de l’univers, qui fait équilibre à la prodigalité des soleils dans leur dépense de matière et, plus encore, de force. Les poussières adventices absorbent la radiation solaire et abandonnent leur chaleur à ces molécules gazeuses isolées, contre lesquelles elles viennent se heurter. Cette absorption de chaleur fait dilater la masse gazeuse tout entière, et elle se refroidit. Les molécules les plus chargées d’énergie s’éloignent, et elles sont remplacées par d’autres provenant de l’intérieur, plus dense, de la nébuleuse. Elles se refroidissent à leur tour.

C’est ainsi que tout rayon calorifique venant d’un soleil est absorbé, et que l’énergie qu’il transporte est transmise par les éléments gazeux de la nébuleuse, aux soleils en formation, voisins ou compris dans la nébuleuse. Elle se condense sur les centres d’attraction déjà retenus par la nébuleuse, ou sur les restes des corps qui, par leur rencontre, ont causé la formation de celle-ci. Le froid intense qui règne dans ces régions permet à la matière de s’agglomérer de nouveau. Si, au contraire, la température s’élevait à 15° C, la force répulsive serait suffisante, d’après Poynting, pour tenir séparés des corps ayant