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l’évolution des mondes

d’énormes sphères gazeuses, sur lesquelles l’attraction du soleil s’exerçait en produisant de puissantes marées. Celles-ci l’emportèrent finalement sur la rotation individuelle de la masse planétaire, jusqu’à produire l’état qui subsiste encore pour la lune et pour Mercure, deux astres qui tournent sans cesse leur même face vers le corps central autour duquel ils circulent. À ce moment la durée de rotation était donc égale à la durée de leur révolution. Par la suite, le corps gazeux se contracta rapidement à cause du refroidissement. L’effet de marée diminua très rapidement, en sorte que l’influence du soleil ne suffisait plus. La durée de la rotation sur son axe diminua ainsi rapidement[1]. Mais la planète conservait naturellement toujours le sens de sa rotation, qui est le même pour toutes les planètes intra-saturniennes. Elle était donc désormais de même sens que celui de la révolution dans son orbite, c’est-à-dire directe.

On peut cependant admettre que la matière qui se trouvait aux limites extrêmes de la nébuleuse primitive était tellement diluée que la planète qui venait s’y plonger ne put atteindre un volume suffisant pour être entraînée par la marée gazeuse, si faible à cette énorme distance, dans la grande rotation d’ensemble dans le plan équatorial du soleil.

Aux confins extrêmes de notre système solaire, où circulent Neptune et Uranus, les planètes conservèrent une partie importante de leur impulsion primitive, reçue lorsqu’elles pénétrèrent dans le système, ou qui, peut-être, leur fut communiquée par quelque choc. Lorsque, plus tard, les satellites furent détachés par suite de la contraction de la masse gazeuse, ils conservèrent un sens de révolution identique à celui de la rotation primitive, qui, pour ces planètes extrêmes, ne concorde pas avec l’écliptique. Les satellites extérieurs de Jupiter et de

  1. La force productrice des marées est directement proportionnelle au diamètre des planètes, et inversement proportionnelle au cube de la distance du corps central.