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l’évolution des mondes

qui disparaît, la planète étant en quelque sorte enlevée au soleil, comme G.-H. Darwin l’a si intelligemment fait voir à propos des relations de notre satellite à la terre.

Des conditions analogues se retrouvent dans l’entourage des planètes qui acquièrent, parmi même procédé, leurs satellites. C’est aussi cette même évolution qui explique la remarquable coïncidence que toutes les planètes se meuvent à peu près dans le même plan, que nous appelons l’écliptique, et que leurs orbites sont presque circulaires. Les planètes les plus éloignées font seules une exception, ayant été moins influencées par les marées ; tels sont Uranus et Neptune.

Pour expliquer ces phénomènes, divers savants et astronomes ont émis une hypothèse qui a été appelée du nom de ses principaux défenseurs, la théorie de Kant et de Laplace. Déjà Swedenborg (1734) avait donné quelques indications dans ce sens. Il admit que notre système était sorti du chaos, — chaos solare —, par la formation de tourbillons, qui, sous l’influence de forces intérieures, analogues à des forces magnétiques, auraient imprimé à l’ensemble un mouvement de rotation toujours croissant autour du soleil. Un anneau aurait fini par se détacher à l’équateur, et se serait brisé en masses distinctes, qui seraient devenues les planètes.

Buffon a introduit la gravitation dans ce système à titre de principe conservateur. Dans son travail plein de génie sur la Formation des planètes (1745), il suppose que celles-ci auraient leur origine dans un « courant de matière » qu’une comète adventive aurait balayée loin du soleil. Kant, à son tour, émettait l’hypothèse d’un chaos primitif, formé de poussière immobile, qui, sous l’influence de la gravitation, se groupait autour d’un corps central, tout en formant autour de lui des anneaux de poussières animées de rotation et qui, avec le temps, s’aggloméraient pour former des planètes.

Or, la mécanique nous enseigne que de semblables masses qui n’ont pas, dès le début, un mouvement rotatoire, ne peu-