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les nébuleuses captent les poussières

puissamment[1]. La très faible densité des gaz ne fait point obstacle à ce phénomène car l’adsorption suit une loi d’après laquelle la masse du gaz condensé diminuera seulement d’environ un dixième lorsque la densité du gaz environnant diminuera de 1/10 000e. Il s’en suit que la masse des grains poussiéreux augmentera, et lorsqu’ils se rencontrent, ils seront liés l’un à l’autre par leurs enveloppes fluidiformes.

Il doit par conséquent se former ainsi dans ces nébuleuses une quantité relativement grande de météores, plus particulièrement dans leurs régions profondes. Or il passera dans ces régions d’autres étoiles avec leurs satellites, lesquels se trouveront plongés dans les gaz et dans les essaims météoriques de la nébuleuse. Les grands astres, ceux animés de vitesses importantes, traverseront cette matière très déliée, mais ils peuvent fort bien mettre des millions d’années à faire ces trajets, vu l’extension énorme de l’espace à parcourir.

Une photographie des plus intéressantes, due au célèbre professeur M. Wolf, de Heidelberg, est celle d’une nébuleuse du Cygne, dans laquelle a pénétré une étoile venue du dehors. En ce faisant, l’intruse a ramassé la matière tout le long de son chemin et a laissé ainsi, comme une trace de son passage, un canal vide (fig. 54). D’autres espaces, relativement débarrassés de matière nébuleuse se rencontrent très fréquemment dans les grandes nébuleuses, étendues et irrégulières. On les appelle souvent des déchirures (en anglais : rifts) parce qu’elles ont la forme d’une longue traînée. Depuis longtemps l’hypothèse a été émise que ces rifts seraient les traces de grands astres qui

  1. Il s’agit ici de la condensation des gaz à la surface des corps qui se trouvent à l’état de poussière excessivement fine. Elle est particulièrement intense à des températures très basses. Dewar s’est servi de cette propriété pour obtenir un vide exceptionnellement parfait. Faisant mécaniquement le vide aussi complet que possible dans un tube, où il avait au préalable introduit du charbon de bois recalciné, il plongea ce tube dans l’air liquide. Le vide obtenu par l’adsorption de ce qui restait de gaz fut un des plus parfaits connus. Il pouvait le régler à volonté par le réchauffement graduel du tube.