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choc de deux corps célestes

lières étoiles sont des exemples de l’état le plus primitif de l’évolution des astres. On peut les considérer comme des étoiles chaudes, entourées de nébulosités épaisses.

Nous avons déjà parlé (voy. p. 127) des singuliers nuages lumineux qui ont entouré la Nova Persei lors de son apparition. Deux nuées annulaires s’éloignaient de l’étoile centrale, avec des vitesses respectives de 1,4 et de 2,8 secondes d’arc par jour. Ces nuées furent observées du 29 mars 1901 jusqu’en février 1902. Si l’on cherche à remonter en arrière jusqu’au moment où ces nuées ont dû quitter l’étoile elle-même, on arrive aux dates du 8 et du 16 février, dates qui coïncident de très près avec les moments où la luminosité fut la plus grande, constatée le 23 février. Il semble donc indubitable qu’elles partirent de l’étoile à leur origine, et qu’elles étaient la conséquence d’une force répulsive de radiation. Leur lumière n’a montré aucune polarisation appréciable, et ne peut donc pas être de la lumière réfléchie. Elle est très probablement le résultat des décharges électriques entre particules poussiéreuses qui rendent lumineux les gaz absorbés par ces poussières.

Nous avons donc évidemment été les témoins, dans ce phénomène de la Nova Persei, de la fin grandiose de l’existence d’un corps céleste, en tant qu’unité indépendante. Cette fin s’est produite par la rencontre avec un autre corps de même nature. Les astres qui se sont rencontrés étaient tous deux obscurs, ou tout au moins rayonnaient-ils si peu de lumière, qu’à eux deux ils ne brillaient même pas autant qu’une étoile de douzième grandeur.

Après leur rencontre, leur lumière était plus puissante que celle d’une étoile de première grandeur, et cela malgré que leur distance fut d’au moins 120 années-lumière[1]. Il fallait donc que leur rayonnement dépassât de plusieurs milliers de fois celui de notre soleil. Dans de semblables conditions la pression

  1. Nous entendons par une année-lumière le chemin que parcourt la lumière en l’espace d’un an. Il est de 9,5 billions de kilomètres.