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l’évolution des mondes

raie principale, celle du gaz noble le krypton. Comme ce gaz n’existe dans notre atmosphère que dans des proportions infinitésimales, il n’est pas improbable qu’il soit apporté par les poussières solaires, et que son spectre soit produit par la libération de sa charge électrique. Les autres raies données par les aurores sont celles de l’azote, de l’argon et des autres gaz nobles. Mais la quantité de ces gaz nobles qui est transportée de cette façon dans l’atmosphère est certainement extrêmement insignifiante.

Les phénomènes électriques de notre atmosphère ont une importance relativement grande en ce qui concerne la vie organique, et par conséquent aussi pour l’homme. C’est par des décharges électriques que l’azote de l’air arrive à se combiner avec l’oxygène et avec l’hydrogène et à produire ainsi les combinaisons ammoniacales, les nitrites et les nitrates dont l’importance pour la végétation est aujourd’hui reconnue. Il semble que ces combinaisons ammoniacales, qui jouent un si grand rôle dans les contrées tempérées, soient produites surtout par les décharges tranquilles, qui correspondent à la nature des aurores. Au contraire les combinaisons oxygénées qui abondent dans les régions tropicales sont plutôt le produit des orages. Elles arrivent au sol par la chute des pluies, et elles y produisent leurs effets bienfaisants sur la végétation. La quantité d’azote ainsi liée par des combinaisons chimiques, qui se répand dans le sol, s’élève, en Europe, à environ 1,25 gr. par mètre carré et par année. Sous les tropiques il y en a environ quatre fois plus. Si l’on admet une moyenne de 3 grammes pour l’ensemble des parties continentales du globe, cela correspond à 3 tonnes par kilomètre carré, et pour toute la terre ferme (136 millions de kilomètres carrés) à 400 millions de tonnes par an. Une très faible partie seulement de ce total tombe sur des terres cultivées, mais le surplus n’est pas pour cela entièrement perdu. Les forêts, les steppes herbeux, etc., en profitent.

Il peut être intéressant de mettre ces chiffres en regard