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l’évolution des mondes
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la quantité qu’on en trouve répandue dans les couches supérieures de l’atmosphère influence la couleur de la lumière que nous envoie en même temps le soleil. Après l’éruption du Rakata (Krakatoa) en 1883, et aussi, à un degré moindre après l’éruption de la Montagne Pelée, à la Martinique, tout le monde a pu observer ce qu’on a appelé plus spécialement les « lueurs rouges ».

On a remarqué en même temps un autre phénomène, qui, lui, a pu être soumis à des mesures.

On sait que la lumière du ciel est partout polarisée, sauf en un très petit nombre d’endroits. Parmi ces endroits il en est un que l’on désigne sous le nom de point d’Arago, qui est situé un peu au-dessus du point directement opposé au soleil. Un autre, appelé le point de Babinet, se trouve un peu au-dessus du soleil lui-même. Si l’on détermine la hauteur de ces deux points au moment du coucher du soleil, on trouve, tout à fait en accord avec les prévisions de la théorie, que cette hauteur est plus grande lorsque l’atmosphère est chargée de poussières que lorsque les conditions sont normales. Un savant allemand, M. Busch, a déterminé les hauteurs moyennes de ces points au moment indiqué ci-dessus. Il les a mis en regard avec le nombre annuel des taches, et il a pu établir le curieux tableau suivant, où les dites hauteurs sont indiquées en degrés au dessus de l’horizon :

ANNÉE POINT D’ARAGO POINT DE BABINET NOMBRE DES TACHES
du soleil
1886 20°,1 23°,9 23,1
1887 19°,7 21°,9 19,1
1888 18°,4 17°,9 16,7
1889 17°,8 16°,8 16,1
1890 17°,7 15°,4 16,5
1891 20°,6 23°,3 35,6
1892 19°,6 21°,5 73,8
1893 20°,2 24°,2 84,9
1894 20°,7 23°,3 78,0
1895 18°,8 19°,0 63,9
Moyenne 19°,4 20°,7 40,0