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propriétés magnétiques du soleil

leur charge, sous l’influence de la lumière ultra-violette, sous forme d’électrons négatifs, particules excessivement infimes, dont un millier pèse à peu près autant qu’un atome d’hydrogène[1].

Ces électrons se répandent ainsi dans l’espace. S’ils arrivent à proximité d’un corps céleste chargé positivement, ils y sont attirés avec une grande violence. Supposons que ces électrons se meuvent, comme dans l’expérience de Lenard, avec une vitesse de 300 kilomètres par seconde. Il suffirait que le soleil eut une charge égale seulement au dixième de la charge maxima déterminée ci-dessus, pour qu’il absorbât tous les électrons dont les trajectoires rectilignes (avant d’être infléchies par l’attraction solaire) seraient situées à une distance immense. Cette distance serait cent vingt-cinq fois plus grande que celle de Neptune, trois mille huit cents fois plus grande que la distance de la terre au soleil, — mais seulement 1/60e de l’éloignement de l’étoile fixe la plus proche.

On peut dire que le soleil draine en quelque sorte tout son voisinage d’électricité négative, et ce drainage lui amène, comme on le démontre aisément, une quantité d’électricité qui est en rapport direct avec la charge positive du soleil. On voit qu’il est pourvu, en somme, très complètement à l’équilibre des recettes et des dépenses électriques du soleil.

Lorsqu’une particule électrique arrive dans un champ magnétique, elle décrit une spirale autour des lignes désignées sous le nom de lignes de force. Tant qu’elle se trouve encore à une grande distance (de l’aimant) elle semble se mouvoir suivant la direction même de ces lignes de force. Or les rayons de la couronne solaire qui émanent des pôles présentent une courbure rappelant les lignes de force qui entourent un aimant. C’est ce qui a conduit à supposer que le soleil se comportait comme un immense aimant, dont les pôles magnétiques coïn-

  1. Un gramme d’hydrogène contient environ 1024 atomes, correspondants à 1027 électrons.