Page:Arrhenius - L’évolution des mondes, 1910.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.
IV
préface de la première édition

dont les nébuleuses peuvent être le produit de soleils, et inversement, comment des soleils peuvent se former à l’aide de nébuleuses. J’ai admis que de tout temps cette évolution alternante a dû se produire, comme elle se produit actuellement.

Les problèmes cosmogoniques ont été rendus considérablement plus ardus par la découverte de l’indestructibilité de l’énergie. Les hypothèses de Mayer et de Helmholtz sur la manière dont les pertes de chaleur de notre soleil sont compensées, ont dû être abandonnées comme intenables. Elles ont été remplacées par d’autres, qui sont basées sur les caractères chimiques du noyau intérieur du soleil, étudiés à la lumière du deuxième principe fondamental de la thermodynamique. Une difficulté plus grande encore semblait provenir de ce que la théorie de la transformation continuelle de l’énergie conduit à cette conclusion, que l’univers s’achemine toujours et de plus en plus vers l’état désigné par Clausius sous le nom de Wärmetod ou mort calorifique. Ce serait un état dans lequel toute l’énergie mondiale se trouverait uniformément répandue dans l’univers sous la forme du mouvement des plus petites particules de la matière. C’est de cette difficulté que j’ai essayé de nous libérer. Elle nous conduit en effet à une fin finale de l’évolution des mondes entièrement inadmissible et inconcevable. Cette porte de sortie de la difficulté consiste à admettre que l’énergie est dissipée ou « détériorée » dans les corps qui se trouvent à l’état de soleils, et au contraire « améliorée » dans ceux qui sont à l’état de nébuleuses.

Un dernier problème de la Cosmogonie a pris récemment beaucoup plus d’actualité qu’il n’en avait précé-