Page:Arrhenius - L’évolution des mondes, 1910.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.
116
l’évolution des mondes

par un puissant arc électrique, concentré au moyen d’une lentille. On vit alors tomber verticalement les grains d’émeri, tandis que les parties charbonneuses étaient repoussées en arrière du rayon lumineux par la radiation de celui-ci.

Nous pouvons reconnaître, au voisinage immédiat du soleil, les effets de sa pression de radiation. La direction rectiligne des rayons de la couronne, s’étendant jusqu’à une distance de plus de six fois le diamètre solaire (ou environ 8 millions de kilomètres), indique l’existence de forces répulsives, qui produisent leur effet sur les fines poussières météoriques. Aussi a-t-on longtemps comparé la couronne aux queues cométaires, et Donitsch la considère comme analogue aux comètes de la seconde catégorie de Bredichine.

On peut soumettre au calcul la chaleur et le rayonnement lumineux de la masse coronaire du soleil. Sa chaleur a été déterminée par les mesures de M. Abbot. À une distance de 30 000 kilomètres de la photosphère, la couronne ne rayonne de la chaleur que dans la proportion d’un corps qui aurait la température de ‒55° C. Cela vient de ce qu’elle est constituée par un brouillard excessivement léger dont la température absolue, calculée à l’aide de la loi de Stefan, serait de 4 350° C. La couronne est donc d’une ténuité telle qu’elle n’occulte qu’environ 1/190 000e du fond céleste qui se trouve derrière elle.

On arrive au même résultat si l’on étudie le rayonnement lumineux de la couronne. Il est à peu près égal à celui de la pleine lune, variant d’ailleurs environ du simple au double. Les observations ci-dessus rappelées s’appliquent aux parties les plus intenses de la couronne que l’on désigne sous le nom de couronne intérieure. D’après M. Turner son intensité diminue à mesure qu’on s’éloigne du soleil en raison inverse de la sixième puissance de la distance à son centre. À la distance d’un rayon solaire (690 000 kilomètres) la puissance lumineuse ne serait donc que de 1,6 p. 100 de celle qu’elle a dans le voisinage immédiat de la surface.