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III
préface de la première édition

contenu dans les pages de ce volume, correspondra au magnifique développement que nous ont présenté les sciences physiques et chimiques à la fin du siècle dernier.

Avant qu’il fut question de l’indestructibilité de l’énergie les études cosmogoniques ne s’occupaient que d’une seule question : comment la matière s’est-elle groupée de façon que les corps célestes aujourd’hui connus aient pu en procéder ? Les conceptions les plus remarquables à ce sujet sont celles d’Herschel sur le développement des nébuleuses stellaires, et de Laplace sur la formation de notre système solaire, évoluant à partir de la nébulosité générale antérieure. Les vues d’Herschel semblent de plus en plus confirmées par l’observation. Par contre la théorie de Laplace se heurte à de si grandes difficultés, que l’on se voit obligé de la modifier très sensiblement, malgré que, pendant longtemps, elle ait été exaltée comme la perle des spéculations cosmogoniques. Si, comme l’a fait Kant, on cherche à se faire une idée de la façon dont les grandioses systèmes des corps célestes ont pu naître d’un chaos complètement désordonné, cela revient à vouloir résoudre un problème complètement insoluble sous cette forme. Il y a d’ailleurs une contradiction à vouloir essayer d’expliquer la genèse du monde dans son universalité, comme le dit[1] avec emphase Stallo : « La seule question qui doive se poser comme conséquence d’une série de phénomènes, est celle de leur dépendance réciproque et de leur corrélation. » C’est pourquoi je me suis limité à l’exposé de la manière

  1. Stallo, Concepts and theories of modern physics, 4e éd. p. 276, London, 1900.