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l’évolution des mondes

la nature de l’électricité. Ce savant fit voir que les rayons calorifiques exercent une pression, dont la grandeur a pour mesure la quantité d’énergie contenue dans l’unité de volume, par suite de la radiation. Bartoli a montré en 1876 que cela est également vrai pour les radiations de toute sorte. Maxwell a calculé la valeur de cette pression, et il la trouva si minime qu’on ne pouvait guère la mesurer à l’aide des moyens dont on disposait alors. Plus tard, on y est parvenu, par des expériences et des mesures faites dans le vide. Nous les devons au professeur russe Lebedeff et aux Américains Nichols et Hull (1900, 1901). Ces savants ont prouvé que cette force, que l’on désigne sous le nom de force répulsive ou de pression de radiation a exactement la valeur indiquée par Maxwell.

Malgré la situation éminente de Maxwell dans le monde scientifique, les astronomes négligèrent la loi si importante qu’il avait découverte. En 1892 Lebedeff essaya bien de l’appliquer, dans un travail sur les queues cométaires, qu’il considérait comme gazéiformes. Or la loi de Maxwell ne s’applique précisément pas à cette forme de la matière. Ce n’est qu’en 1900, peu avant que le même Lebedeff fournit la preuve expérimentale de l’exactitude de la loi, que je m’efforçai de faire ressortir sa très grande signification pour l’explication d’un certain nombre de phénomènes célestes.

À la surface du soleil, la grandeur de la pression de radiation est de 2,75 mgr. par centimètre carré, à supposer que les rayons tombent perpendiculairement à la surface d’un corps noirci. En partant de là, je cherchai quelle devrait être la dimension d’une gouttelette qui aurait le même poids spécifique que l’eau, et qui pourrait rester en équilibre avec la force attractive du soleil, se trouvant au voisinage immédiat de celui-ci. Ce résultat serait atteint si le diamètre de la gouttelette était de 0,0015 mm. Une correction à ce calcul est due à Schwarzschild. Il a fait voir qu’il n’est exact que si cette gouttelette réfléchit d’une façon parfaite tous les rayons qu’elle reçoit. Si son