Page:Arnould Greban - Le mystère de la passion.djvu/81

Cette page n’a pas encore été corrigée

horrible sei-pent monstrueux,
iî70 par toy fousnies Imiii» tous doux
(lu beau paradis do doliccs ;
cnvyo, pir( ! do tous vio(>s,
par toy fault nostrc pain quérir,
par toy sommes sera a mourir
1275 et, qui pis est au résidu,
l)ar toy ost uostro enflant j)ardu.
Ta guorro cy nous est trop dure ;
grief dostrcsse a desmesure,
quel cueur humain te portera ?

ADAM

iiSO Ma seur, Dieu nous confoi-tera, .
si lui plaist, par sa doulco grâce.
Ne reste mes qu’a choisir place
et l’enterrer on quelque lieu.


EVE

Puisque c’est le vouloir do Dieu,
)i8j aultro remède je n’y vois.
Ici/ l’enterrent et puis s’en vont
en leur hostel.

CAYN

Or no sçay je en quel lieu je vois :
je ne voy chose qui me plaise ;
je meurs do fain et de iiiosaise.
Je suis tout deschaiilx et tout nu,
iiSO ne jamos ne suis liion venu
pour quelque peine que j’embrasse
chacun me fuit, chacun me chasse
pour ma ville coulpe et maligne ;
se Dieu ne m’eust baillié ce signe,
J»j je fousso picva délivré :
les serpents m’eussent dévoré
plus de mille fois d’ung accort ;
a haulte voix huche la mort,
et si n’en puis venir a bout :
130() je randiray tant tout par tout,
que j’aray ung peu de repos.
Icy s’en va a l’adoenture.


L’ACTEUR

Seigneurs^ selonc nostre propos^
nous vous avons montré le fait.
comment Cayn par son meffait
1306 occist son frère injustement,
et puis le grief gémissement
qu’Adam et Eve pour lui firent ;
car Abel par long temps plaindirent
sans prendre consolacion.
1310 Et font les escrips mencion
que depuis la mort de Venffant
cent ans furent en gémissant
tousjours en penance cruelle
sans copulacion charnelle.
1315 Après ce temps s’ entrecongn curent,
dont ung enffant masle receurent
nommé Seth par son propre nom,
très preudomme et de bon renom,
et très bien ressambloit Abel.
1320 Icelly Heth tindrent a bel,
car en leur deuil les depporta
et grandement les confiforia.
A celuy Seth cnmmancerons ;
le trespas d’Adam traicterons
1325 sans nostre matière deffaire
le plus brief qui se pourra faire.

ADAM

doulx Dieu, quand je considère
les gricfz travaulx et la misère,
les dcsplaisirs et les ennuys
i^m que j’ay eu de jour» et de nuys,
puis ceste eure que j’offensay
mon doulx createui’, je ne sçay
comment je dure .si long temps.
Il y a ja neuf cens trente ans
1335 et plus, que je connnis l’offence
et vice d’inobedience,
qui de la mort nous maine au terme,
dont puis ay plouré mainte lerme.
Plaise au hault juge pardurable
1340 quo la penance soit vallable
et que ma coulpe se consomme.
Consomme ? que dis je, povre homme i
que je suis fresle créature !
Je voy toute humaine nature
1345 ja infecte par mon seul vice.
Las ! qui contentera Justice ?
En ce qui passe ma puissance,
je me metz en ton ordomiance,

B, - 1321 IP,’ " dueu^* R «9. H~» ’ ;,* ?^’"'J Prologue B. - 1317 Selh norame B. - 1319 «.«mbUnt