iiîj tu lie pcus ciTor nullement.
Icy se départ Dieu.
.lo n’ay raison n’entcndenieiil
qui de ce me porte defl’encc,
soit pour mérite ou pour ott’ence,
que je n’eu face a mon voulloir ;
H30 mon cueur no se peust plus douloir
qu’il fait, d’cstre en ccate misère.
Comment vous va, Cayn, mon frero ?
vous me semblez tout assimply.
Aboi, frère, je vous supply,
1133 allons m’en aux champs vous et moy,
pour passer ung peu mon esmoy ;
je ne suis pas bien a mon aise.
Frère, s’il est riens qui vous plaise
ou je vous puisse secourir,
1140 commandez moy vostre plaisir,
il sera fait sans longue pose.
Il ne me plaist oro aultre chose
sinon que nous allons aux champs.
Allons donc.
Icy s’en vont ensemble aux
champs.
Hé ! villain mcschans,
ll’i5 n’estes vous pas le malheuro
que Dieu a huy plus honoré
qu’il n’a moy ? Vous le compaiTez,
janiès de pain ne mangerez,
puisque je vous tiens ore cy.
lljO Helas ! frere, pour Dieu, mercy !
Ne me veuillez pas huy occire.
Vous n’cschapperez pas ainsi.
Helas ! frere, pour Dieu, mercy !
Mort vous rcndray taiiit et nercy :
11J5 sovez a la dame ou au sire.
Helas ! frere, pour Dieu, mercy !
Ne me veuillez pas huy occire.
Ha ! roy du souverain empire,
a co grand besoing to reclame :
1100 ayos huy pitié de mon amo ;
en ta garde la recommande.
’
Il est mort, a Dieu le commande ;
je m’en vois a tant et lo Icsse.
Mon père en ara grant tristesse,
1105 mes de son courroux ne me chault ;
d’aultre part aussi, si le fault,
je m’cxcuseray bien et bel. I
Cayn, ou est ton frère Aboi ?
Présentement le vuoil savoir.
1170 Je ne sçay, sii’e, a dire voir ;
l’ay je prins en garde et son fait ?
Ha ! meschant honmie, qu’as tu fait ?
Le sang de ton frero a oultrance
crye a moi pour avoir vengonce
1175 de la terre ou espandu l’as ;
si seras mauldit, triste et las,
vacant sur terre et fugitif.
Par ton faulx cueur vindicatif,
tu as fait ceste occision :
1180 a peine et a confusion
sur la terre lalioureras
et ja fruit n’en recueilleras
fors ordure et stérilité.
Je congnois mon iniquité
1183 plus grand esti c, quant la rccordo,
que ne soit ta miséricorde ;
je voy mon énorme poché
et sçay bien que tant ay péché
contre ta majesté divine
1190 que je suis de mcrcy indigne.
Or suis je mauldit, asservy ;
encores plus seray jingny,
car jamès pour riens que je face,
ne me verray devant ta face ;
1195 inesmes tous ceiilx qui me verront
tantost occire me querront,
et bien y a raison aussi.
1129 je man’iue lî. — 1132 ooininont vous est il, mon ohier frere 11. — 1133 ine mnniw k. — 113* te B. — 1141 sans autre chose B. — 1106 |sii le l’ault B. — 1171 en son fait B. — 1179 qui.-is D. — 1190 dieu inerey B.