et la venue désirée
du doulx Messias nostre-sire
pooient tels paroles dire :
« Bon Dieu, pour nous confort livrer,
« de ceste chartre griefre et lante
« vien icy pour nous delivrer
« par ta puissance precellante. »
A cestuy point commancerons,
et premier nous vous monstrerons
les plaintes que faire pooient
les peres qui ou limbe estoient,
attendans leur redempcion
par la haulte incarnacion
du doulz et benoit filz de Dieu,
qui leurs plains en temps et en lieu
entendit et amodera
pour la mort q’uil en endura.
Illa vouldrons laissier l’istoire
par moyen d’interlocutoire
et moralizer un petit
pour contenter vostre appetit.
Nous metterons cinq parsonnages
de cinq dames haultes et sages,
es quelles Paix sera propice,
Misericorde avec Justice,
Vérité et puis Sapience ;
et ce pour juger de l’offense
d’Adam qui fut le premier homme,
quelle elle fut et de quel somme,
et s’elle est digne de pardon
ou d’avoir si mauvais guerdon
que jamès ne soit retournee.
Après la sentence donnee
orrez raisons haultes et bonnes,
a la quelle des trois parsonnes
Pere, Filz et saint Esperit,
pour le gendre humain qui perit,
loist faire repparacion
en souffrant mort et passion ;
et pour quoy ce divin mistere
appartient au Fils plus qu’au Pere
ou au saint Esperit de nom ;
s’arguerons que si, que non,
comme saint Thomas l’a traictié
soubtillement en son traictié
sur le tiers livre de sentences.
Si orrez argus et deffences
pour quoy le faulx peché dampnable
du deable fut irréparable,
condampné en l’eternal fu,
et pour quoy l’homme allegié fu
non obstant son péché très grief ;
et ce fait deduit assés brief,
verrez conclure en audience
par la divine Sapience ;
le vray filz de Dieu ordonné
divinement estre incarné
ou très saint ventre virginal ;
et puis message especial
commis pour anoncer l’affaire
a la très doulce et débonnaire
vierge qui mere devait estre
pour porter le doulx fruit celestre
venant du trosne supernel.
Lors vendra l’angle Gabriel
faire l’adnunciation
et après ferons mencion
de la doulce nativité,
poursuyvans sans prolixité
l’euvangile a nostre sçavoir
sans apocriphe recevoir.
Si vous prions, seigneurs et dames,
cojointement hommes et fames,
que silence vueilles garder
et brief nous orrez proceder
a l’ayde du créateur,
le quel nous doint par sa doulceur
si bien faire et vous bien ouir
qu’a la parfin puissions jouir
de la vision éternelle
de Dieu en gloire supernelle.
Amen.
Ouvrez vos yeulx et regardez,
dévotes gens qui attendez
a oyr chose salutaire :
veillez vous pour vo salut taire
par une amoureuse silence ;
- ↑ 158 illec B. C.
- ↑ 159 et par B. C. manière A.
- ↑ 161 nostre A.
- ↑ 169 elle manque B. est C.
- ↑ 170 guerdon B.
- ↑ 172 pardonnce A.
- ↑ 173 ordonnée B. C.
- ↑ 174 ourrons B.
- ↑ 178 appartient A.
- ↑ 183 nous A. sargurons B. que si et que non B. C.
- ↑ 188 le mal pechie C.
- ↑ 193 conclu A.
- ↑ 196 le fils de Dieu estre ordonne B. C.
- ↑ 202 vierge qui vierge B. C.
- ↑ 206 denonciacion C.
- ↑ 208 sa C.
- ↑ 209 perplexite A.
- ↑ 210 pouuoir A.
- ↑ 211 apocasse C.
- ↑ 215 verrez B.
- ↑ 216-222 manquent B. C.
- ↑ 223-1732 forment le prologue dans B. et sont placé en tête du manuscrit.