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MALHERBE

de sa « crachotterie » perpétuelle, qui faisait dire plaisamment à l’abondant cavalier Marini, l’hôte glorieux de la Cour à cette date : « Je n’ai jamais vu un homme si humide ni un poète si sec. »

Là Malherbe, en présence de ses disciples, annote Desportes, barre Ronsard, méprise des Yveteaux, « n’estime qu’un peu Bertaut », et encore déclare qu’il fait trois vers insupportables sur quatre, loue aussi Régnier… avant la brouille, tout en lui reprochant bien des négligences, dit leurs vérités aux présents comme aux absents, aux vivants comme aux morts, fait de chacun une critique minutieuse et positive, ardente et pittoresque, enfonce dans l’esprit de ses élèves, à coups de boutades et de boutoirs, sa doctrine de la Netteté. Enfin, pour ajouter l’exemple au précepte, il lit ses propres vers[1].

IV

MALHERBE POÈTE (1605-1627)


Chose curieuse, Malherbe est l’un des seuls de nos poètes illustres qui n’ait rien composé pour le théâtre, et le seul de nos théoriciens de littérature qui ne se soit même pas occupé du genre dra-

  1. L’on trouvera plus complètement exposé cet enseignement de Malherbe dans les chapitres IV et [[rom|IX}} de notre thèse sur Racan : La Rencontre de Malherbe 1605 et Racan chez Malherbe {1610-1620).