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LA MÉTHODE DE CRITIQUE LITTÉRAIRE

maximum de la pénétration, au minimum des parcelles d’objets pénétrés.

Ceci serait sans doute un grand bien. Mais c’en serait encore un, non moins appréciable, si beaucoup de jeunes gens, ou mieux déjeunes hommes, car ceux-ci auraient déjà récolté un peu de l’expérience de la vie, mettaient leur pioche d’or vacante à l’œuvre de la biographie littéraire pour en dégager le filon encore si près d’être neuf. Les jeunes gens, d’ailleurs, peuvent commencer leur tâche : ils ne la termineront vraisemblablement que jeunes hommes. Dans l’atelier intellectuel de la France, beaucoup de ceux qui ne réclament que du travail n’ont qu’à se diriger de ce côté : ils trouveront, à leur choix, bien des écrivains qui attendent leur biographie ; ils rencontreront là une belle besogne humaine et sérieuse, qui les prendra tout entiers, car elle exigera d’eux, en même temps, toute leur érudition critique de savants et toute leur observation aiguë de moralistes, et ils auront conscience, eux, les romanciers vrais, de faire une œuvre tout aussi utile que leurs frères de la fiction. Sainte-Beuve présidera de loin à ce vivant et puissant labeur, encore que, dégoûté par les exemples de Victor Hugo et de Lamennais, il ait fermement honni la race des disciples[1] : mais les siens seront des disciples posthumes, et puis fort indépendants, on le voit, puisqu’ils aspireront à continuer et aussi à compléter le maître. Non

  1. Lundis, t. XI, pensées xxvi et xxvii, portrait de Phanor.