Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
52
QUELQUES POÈTES

thode critique. Enfin, si quelque incrédule doutait encore de l’utilité scientifique et morale des œuvres de ce genre et du crédit qu’elles peuvent, bien traitées, rencontrer auprès de nos contemporains, il n’a qu’à méditer sur le récent et éclatant succès de la belle Vie de Pasteur, en 700 pages, par M. René Vallery-Radot[1].


La lice est donc ouverte. Et l’on jugera peut-être que, pour stimuler les coureurs, l’heure n’est point mal choisie que celle où sonne le centenaire de la naissance de Sainte-Beuve. Ces fêtes n’auront pas déjà été perdues si elles peuvent ramener les lectures du public instruit, celles des jeunes filles et des femmes du monde, ces grandes dévoreuses de livres, vers le bréviaire de délicatesse qu’est la collection des Lundis : là dorment des trésors de jouissances artistiques et instructives, qui ne demandent qu’à reprendre vie plus souvent, dans un tête-à-tête plein de charme. Non seulement on y apprend, non seulement on s’y délecte, mais l’on a encore, avec un guide aussi subtil, l’impression ou au moins l’illusion toujours douce de devenir soi-même plus intelligent, un peu ce qu’éprouvaient nos pères lorsqu’ils frayaient avec les poésies d’Horace, cet autre maître de Sainte-Beuve : c’est que, dans la compagnie du critique, l’on sent inconsciemment sa propre faculté d’analyse poussée sans effort au maximum, — au

  1. 7e édition, librairie Hachette, 1901.