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QUELQUES POÈTES

venus intacts. Il en résultera une œuvre assurée par ses fondations érudites, imposante par son aspect, mais plaisante à contempler, chaude à l’œil, colorée, vivante en un mot, qui sera non point certes la vie de l’écrivain elle-même, mais la perspective vraie et naturellement artistique de cette vie.

Si, tentées par une pareille œuvre, des plumes de bonne volonté cherchaient à quel sujet précis s’appliquer, il leur faudrait d’abord établir le bilan total de la littérature biographique méritant ce nom : pour les grands écrivains l’on serait vite au bout du compte. Nous n’avons pas de Vie de Corneille, pas de Vie de Racine, pas de Vie de Boileau. Pour Molière nous possédons au moins le livre de Gustave Larroumet : La Comédie de Molière, l’auteur et le milieu. Depuis 1904, nous pouvons lire un vrai tableau de la vie de Pascal dans les 200 pages où M. Boutroux le fait revivre avec ses pensées et ses crises morales presque jour par jour. Nous avons cité Walckenaer pour Mme de Sévigné et pour La Fontaine : pour ce dernier, il y faut joindre, dans le genre réduit, le pénétrant récit de M. Georges Lafenestre dans la collection des « Grands Écrivains français »[1]. Si nous ajoutons le gros volume de M. Étienne Allaire sur La Bruyère dans la maison de Condé,

  1. La série de volumes de 200 pages, à la librairie Hachette (ne pas confondre, par suite d’une fâcheuse ressemblance de titres, avec la collection des « Grands Écrivains de la France », qui se compose d’éditions savantes et que nous avons signalée tout à l’heure).