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LA MÉTHODE DE CRITIQUE LITTÉRAIRE

et plus vive osera s’épandre sur les œuvres.

On ne le fit guère à la fin du XIXe siècle, où l’on conçut généralement les biographies littéraires selon deux méthodes bien différentes que nous appellerons volontiers, l’une chartiste, et l’autre intellectuelle. Ceux-ci accumulaient documents sur documents, les uns au bout des autres, entremêlant les faits d’une vie avec des dissertations sur l’authenticité des sources biographiques, sans séparer ces éléments divers, et un pareil agrégat, d’ailleurs très instructif, ils osaient l’appeler Vie de tel écrivain, n’ayant oublié qu’une chose, c’est de faire passer dans tous ces matériaux morts ou au moins arides, le courant de la vie. Le type du genre se trouve réalisé dans la plupart des « Vies » d’écrivains qui sont en tête des éditions savantes de la collection des « Grands Écrivains de la France[1] ». D’autres, moins patients, les critiques intellectuels que nous avons décrits plus haut, ne se servent guère de quelques grands traits biographiques que pour donner une brillante unité, assez facile et factice, à leurs expertes analyses littéraires.

Veut-on avoir, par un souvenir personnel, une idée de la difficulté qu’ont ces messieurs à concevoir la biographie ? Nous exposions un jour nos idées à l’un d’eux, et non des moindres. « Il y a des vies d’écrivains intéressantes, reprit-il, mais il en est qui ne le sont pas. Voyez celle de Bour-

  1. À la librairie Hachette.