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LA MÉTHODE DE CRITIQUE LITTÉRAIRE

l’on aborde d’emblée la double tâche, en entremêlant la biographie et la critique, en replaçant dans le cours de la vie d’un écrivain l’apparition de ses ouvrages, qui seront jugés à mesure.

Ce dernier travail plus complexe présente évidemment un inconvénient naturel, dont n’étaient point déjà exemptes les esquisses de Sainte-Beuve : ce que l’on gagne en vérité, on le perd en clarté. Là on ne voit pas d’un coup d’œil tous les résultats littéraires bien alignés, mais on passe incessamment de la biographie à la critique et des idées générales au récit. — Il est facile de pallier ce désavantage en accusant avec soin les conclusions littéraires partielles, formulées en cours de route, puis en les résumant dans un dernier chapitre en une conclusion littéraire générale, ou même, à l’imitation de Léon Crouslé pour Voltaire, en renversant l’ancienne proportion adoptée et donnant les trois quarts à la vie et le reste aux œuvres. Enfin l’on pourra dresser un répertoire spécial qui aide à retrouver facilement les jugements littéraires dans le corps du volume.

Soit mêlée à la littérature, soit isolée d’elle, la Vie d’un écrivain doit être à la fois documentée et vivante, et n’a rien de commun, bien entendu, avec les quelques pages que l’on ose couramment mettre sous ce titre, lorsqu’on prétend étudier successivement tel homme dans « sa vie » et dans « son œuvre ». Parmi les innombrables personnages de la pièce des Cabotins, de Pailleron, se trouve je ne sais quel auteur sous pression, qui a