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QUELQUES POÈTES

mières, qui brilleront peut-être plus vives pour nos descendants, l’on connaîtrait tout du fonds d’un homme. Les chimistes nous apprennent que, en isolant les divers éléments d’un corps de la nature et en refaisant ensuite artificiellement la synthèse, ils n’obtiennent pas toujours un corps identique au premier, le nouveau n’affectant point toujours dans sa combinaison la même symétrie moléculaire que l’ancien : il se peut, de même, que dans l’humanité, des éléments connus viennent, un moment donné, à se combiner, pour former un tempérament nouveau, suivant une mystérieuse formule qui résiste à toute espèce d’analyse. Et puis, le « facteur personnel » de chacun de nous échappera toujours, suivant l’apparence, à une mensuration scientifique. Mais l’important est de faire sur une nature humaine le plus de déterminations précises, ou de prévoir du moins celles qui pourront humainement se faire dans un avenir plus ou moins prochain.

Quoi qu’il en soit, une pareille étude délicate et scientifique des natures individuelles, lesquelles présentent, du reste, une infinie variété, semble n’avoir jamais été essayée par l’auteur de La Fontaine et ses Fables, toujours hanté par sa théorie trop grosse et seulement approximative de « la race ». Sainte-Beuve, au contraire, s’était sans cesse appliqué à y remonter, sans tenir compte d’ailleurs de l’élément astral. Pour l’hérédité, il l’indiquait souvent d’une touche légère, et il lui donna plus d’importance à mesure que ce grand