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LA MÉTHODE DE CRITIQUE LITTÉRAIRE

sans doute prédestinés chacun à vivre, soit par l’imagination surtout ou par la raison, soit dans l’amour de la solitude ou dans le goût de la société, etc., tout aussi libres de dominer et d’exploiter par nous-mêmes telle de ces régions que nous le serions pour telle autre : notre personnalité libre, que les Allemands appellent « le facteur personnel », n’est nullement engagée ni violentée par là. Bien plus, elle est capable de résistance et de réaction. Les prédispositions morales qui nous viennent des astres agissent probablement sur notre tempérament à la manière des hérédités physiologiques. La science moderne a prouvé que celles-ci ne sont point fatales : elles forment en nous un « terrain » préparé pour telle ou telle maladie de notre race, mais la faveur d’heureuses circonstances ou d’une hygiène appropriée et voulue peut empêcher le mal héréditaire d’y germer et nous permettre de pratiquer notre « évasion » hors des tendances natives.

Cette résistance saura plus sûrement s’organiser, du moins pour les natures douées de volonté, si l’on sait se bien connaître et prévoir. L’on devine aisément de quel prix serait l’exacte connaissance de cette pâte primitive dont l’individu est façonné, pour la direction de sa propre conduite, par exemple, et pour l’éducation des enfants. De quel prix ne serait-elle pas également pour la pleine intelligence des autres hommes et en particulier des écrivains ? Ce n’est pas à dire, sans doute, que, même à l’aide de ces lu-