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il dessine une planche savante et naïve, où il montre nos premiers parents, armés d’un râteau et d’une fourche, soignant des parterres fleuris, tout bordés de buis, tels que les jardins des bourgeois de province au 16e siècle.

Le début sonne plus pompeusement encore que celui du Jardin et Cabinet poétique :

 Du perleux Orient déjà l’aime Soleil
sortait tout flamboyant de son char nonpareil,
suivant les pas rosins de la vermeille Aurore,
qui de mille couleurs nostre Horizon décore.

À ce ton l’on devine que l’auteur ne craindra nullement d’introduire aux côtés d’Adam et d’Eve le Léthé, Caron et toute la fable et s’expose par avance à la si juste critique de Boileau désapprouvant en un sujet chrétien

 un auteur follement idolâtre et païen.

Du moins il sait, rien que pour l’avoir observé chez Homère et chez Virgile, que dans le genre épique

 le poète s’égaye en mille inventions.

Il le faut d’autant plus, lorsque le fond du sujet est, au lieu des erreurs d’Enée, le monotone défilé de 146 plantes et arbres. Les principaux « épisodes » sont donc une lutte d’Adam et Eve contre un dragon, la rencontre d’un lion furieux, leur invention du Feu,