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Car pour nos faibles cœurs, conteur des pastorales,
nous voulons prendre en toi les vertus ancestrales
et le robuste amour du sol fécond et sain.

Raymond Lécuyer.

Au Châtelier, novembre 1899.

Nous ne savons point de résumé plus juste de la vie de notre poète que la belle strophe 3, que nous avons écrite en italique.

III

SONNET À RACAN

Hommage à Louis Arnould.

 
Non, tu n’as point tenté d’escalader les cieux
ni d’abaisser l’orgueil de quelque abrupte cime ;
ta muse fréquenta de plus aimables lieux,
le coteau familier ou le vallon intime.

La fauvette n’est pas l’oiseau du roi des dieux ;
mais de l’aigle nichée au rebord de l’abîme
l’aire peut envier le nid mélodieux
blotti dans le taillis qu’un bruit de source anime……

De ton bourg de Touraine, ô simple et bon Racan,
tu portas dans le Louvre un cœur de paysan ;
bègue, timide et gauche, et partant malhabile

à débiter du ton qui règne en la grand’ville
ces fadeurs où triomphe un parfait courtisan,
ta voix ne sort qu’aux champs juste, pleine et facile…
Et tes francs campagnards, sous leurs noms de roman,
ont les sentiments vrais des bergers d’un Virgile.

Juin 1901.

Horace Hennion.