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LA MÉTHODE DE CRITIQUE LITTÉRAIRE

persanes », 1721 : leur cachet de la Régence. L’idée de la justice chez l’auteur. Sa froideur. Sa langue. Sa prudence politique. — Le Temple de Gnide, 1725 : méprise de talent. Sa conception de l’amour et son manque de grâce en tout. — Le Discours à la louange de l’étude et des sciences, prononcé à l’Académie de Bordeaux, novembre 1725 : son estime des sciences pour leur utilité « sociale » et son zèle de « citoyen ». — Son grand voyage en Europe, 1728-1729 : son opinion sur l’Angleterre et, à ce propos, de l’art et de l’artifice dans les deux derniers ouvrages.

Rassemblez les traits biographiques et vous avez le tableau de la Jeunesse de Montesquieu. Ramassez les traits littéraires et vous possédez les linéaments principaux du Génie du grand homme, dont la description sera complétée d’ailleurs dans le « lundi » suivant. Mais ceci est mêlé à cela, ou mieux ceci sort logiquement de cela, et inspire plus de confiance, en vérité, que ces portraits d’écrivains où, sans aucune biographie et presque sans citations, tous les résultats littéraires se présentent bien alignés comme à la parade, sans que nous puissions juger si quelque passe-volant ne s’est point glissé parmi eux. Ici, nous assistons à l’analyse, et l’analyse est charmante ; nous voyons comment sont obtenues, pas à pas, les conclusions, et nous y gagnons, outre le spectacle toujours attrayant d’une vie humaine, une conviction plus ferme sur les appréciations littéraires, puisque l’on nous en