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QUELQUES POÈTES

pisserie de couleurs fondues et comme adoucies déjà par le temps, où deux dessins s’enroulent harmonieusement l’un autour de l’autre, représentant une physionomie à la fois morale et intellectuelle, un talent et une vie, — exquis ouvrage de femme, œuvre qui manque, en somme, de virilité et d’élan, mais qui est un petit poème de délicatesse.

Ouvrons au hasard l’un des vingt-huit volumes des Lundis. Voici, par exemple, le premier de deux articles consacrés à Montesquieu[1]. Dressons-en, pour ainsi dire, le schéma aride, et la méthode, croyons-nous, apparaîtra dans son jour : après une courte vue générale et une page sur les manuscrits encore inédits de Montesquieu, la jeunesse de l’écrivain, 1689-1714 (nous soulignons à dessein les parties biographiques), et, à ce propos, comment Montesquieu cherche dès lors « l’esprit des choses » et quel genre de goût il montre pour l’antiquité. — Sa charge au Parlement de Bordeaux, 1714-1726 : facilité qu’elle lui donne pour observer ; il aime mieux regarder les hommes que leur rendre la justice. — Ses premiers discours à l’Académie de Bordeaux, 1716 : sa manière précieuse et sensuelle, à la Fontenelle ; son amour de la science ; sa subordination du fait à l’idée. — L’apparition des trois grands ouvrages, 1721, 1734, 1748 : leur fonds commun sur l’institution sociale. — La publication des « Lettres

  1. T. VII des Causeries du lundi, 3e édition, p. 41-62.