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QUELQUES POÈTES

ces vers sont tout dorés de l’éclat des moissons, de sorte qu’ils sont de nature à trouver écho dans le cœur de tous ceux, grands ou petits, qui possèdent ou qui soignent un arpent de terre au soleil, ou même qui y aspirent. Et comme le poète a eu le haut goût d’appuyer sur les traits pittoresques dans la bonne mesure, assez nettement pour composer une précise esquisse de l’aisance campagnarde, tout en restant assez général pour n’exclure personne, il se trouve, et c’est là un signe authentique du chef-d’œuvre, que tous les terriens peuvent s’y reconnaître en particulier, depuis le gentilhomme veneur qui y trouve son portrait en pied, jusqu’au dernier de nos paysans (nous en avons fait l’expérience) surpris de trouver là l’expression de la poésie qui se remue confuse au fond de son âme. Le secret du poète consiste à avoir su élever une veine de poésie commune à une hauteur toute philosophique.

Enfin cette pièce a eu la rare fortune de conserver depuis 300 ans toute sa fraîcheur et de ne pas être recouverte par un grand nombre d’œuvres du même genre.

Pour lui trouver une postérité, il faut aller ; d’abord à La Fontaine, puis sauter presque au milieu du 19e siècle, car c’est seulement après avoir vu et décrit les Tropiques, l’Amérique, l’Italie et l’Orient que nous nous sommes avisés qu’il y avait beaucoup à voir et à peindre chez nous, et encore, depuis cette époque, quels sont ceux qui ont dit les champs et les travaux des champs