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veuve, se retira en Bourgogne et Racan, s’étant mis sur les rangs pour l’épouser, fit sa cour à travers la France avec une longue et malheureuse obstination. Elle s’en laissait conter par un jeune magistrat de Dijon, qui, étant plus près et mieux fait, finit par l’épouser. Malherbe, qui le savait, résumait la situation, avec son habituelle causticité, dans une lettre adressée sur Racan à Balzac, leur ami commun : « Du côté des Bergeries, son cas va le mieux du monde ; mais, pour ce qui est des bergères, il ne saurait aller pis. »

III

LA RETRAITE EN TOURAINE (1628-1670).

Le poète était parvenu à l’âge de 38 ans. Après avoir, une dizaine d’années, recherché inutilement la main de la lointaine Catherine de Termes, il jeta les yeux plus près de lui, en Touraine même. Dans les paroisses voisines de Bueil et de Rouziers, vivait la famille du Bois et de Fontaines, qui avait pris une part active dans la Renaissance catholique du commencement du siècle : elle avait contribué à fonder à Tours les Oratoriens et les Carmélites. Là, une jeune fille de quinze ans, pieuse et modeste, Madeleine du Bois, partageait son temps entre les offices rendus.