Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’on goûte à plein dans ces vers la volupté de la fraîcheur ombreuse, volupté si intense par les chauds étés, sans air, de la Touraine.

Mais le poète a peint surtout la nature animée par le travail de l’homme. Il eut l’heureuse idée de remplacer les bergers de convention et les pasteurs de l’Arcadie par des paysans, et par des paysans de Touraine, joyeux et bons vivants : il nous en montre des types variés, depuis le métayer aisé,

 
de vingt paires de bœufs il sillonne la plaine ;
tous les ans ses acquêts augmentent son domaine ;

jusqu’au modeste cultivateur qui possède pourtout bien un mince troupeau de brebis et de chèvres. Tous ces paysans sont bien peints par le poète, parce qu’ils sont peints d’après nature : ce sont ses fermiers, ses voisins et les manants du village, qu’il voit s’en aller à leurs travaux ou en revenir, et avec qui il aime à s’entretenir du haut de sa terrasse, suivant une tradition qui nous a encore été contée naguère par un « ancien » du bourg.

En somme, dans ses vers comme dans la réalité, ce qui lui plaît avant tout, c’est la famille rurale, nombreuse en ses enfants, prospère en ses travaux : c’est vers elle que va toute sa souriante sympathie.

Ce qui nous charme tant aujourd’hui dans les Bergeries de Racan ne produisit pas le même effet sur la véritable Arthénice : elle devint bientôt