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corps d’officiers sans troupes qui formait l’état-major du roi.

Au retour de la Bidassoa, l’on attendit trois mois à Tours, de février à mai 1616, que les princes révoltés voulussent bien traiter. Notre jeune officier, si distrait naturellement, trouva encore plus distrait que lui : c’était le généralissime, le duc de Guise. Se trouvant là, chez lui, Racan allait souvent chasser avec le duc. Un jour, ils avaient été tout le temps côte à côte ; le lendemain, M. de Guise lui dit :

— Vous avez bien fait de n’y point venir, nos chiens n’ont rien fait qui vaille !

Racan, pour s’amuser, crotta ses bottes, une autre fois, tout exprès, et, le soir, le duc ne manqua point de lui dire :

— Ah ! vous avez bien fait, aujourd’hui nous avons eu bien du plaisir !

Après l’assassinat du maréchal d’Ancre, Marie de Médicis fut disgraciée et enfermée au château de Blois ; mais le vieux duc d’Epernon la fit évader en 1619, et pendant que le roi négocie avec sa mère, la cour passe encore trois mois d’été à Tours, cette ville où l’on est si bien pour attendre. Au milieu du luxe et des banquets,. Boisrobert, le futur secrétaire et amuseur de Richelieu, surprit Racan en train de composer une chanson pour un petit commis qui lui avait promis de lui avancer 200 livres, soit 1400 francs environ de notre monnaie. Boisrobert les lui prêta. Sous les dehors de la richesse, le malheureux