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sait des volontaires de sa cour aller renforcer les Hollandais ; mais il est d’abord immobilisé durant dix-huit mois à Calais, dans l’espèce d’École militaire qui y était fondée, et lorsqu’en 1609 il passe la frontière avec ses compagnons, la paix venait d’être signée.

En 1610, heureusement, Henri IV prépare le « grand dessein » contre la maison d’Autriche : Racan est nommé enseigne et envoyé en Touraine, avec une commission royale « pour lever des gens considérables, afin de rendre sa compagnie plus belle ». Mais soudain la nouvelle arrive, navrante, de l’assassinat du roi, et l’enseigne revient précipitamment à Paris.

En 1614, le prince de Condé se révolte, et notre gentilhomme part comme lieutenant de carabins ; l’on nommait ainsi le petit escadron qui flanquait chaque corps de chevau-légers. Le traité de Sainte-Menehould est de suite arraché à la faiblesse de la Régente.

Aussi l’enseigne retombe-t-il dans le milieu facile qu’il a fait de sincères efforts pour quitter. Il lit avec délices Ovide, Horace et Virgile, il compose des élégies malgré Malherbe, et dans ses vers s’amalgament visiblement ses impressions sensuelles de la cour à ses rustiques souvenirs de Touraine. C’est l’époque de l'Ode bachique adressée au poète Maynard, de la Venue du Printemps, que nous avons citée plus haut. Racan cultivait alors l’ode élégiaque dans le goût de la Pléiade, mais avec plus de discipline et de goût :