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bien, quand vous quittez la gare d’Aubigné, le vieux logis qui vous regarde, niché sous sa haute châtaigneraie ; enfants du Maine et de l’Anjou, qui savez maintenant que là, aux confins de votre province, s’élève le vieux berceau d’un de vos poètes, sachez trouver dans cette court naissance nouvelle un nouveau motif très précis d’honorer cette région, et, si vous en êtes vous-mêmes, votre petite patrie. Nous tous, qui que nous soyons, si nous songeons que notre grande patrie se compose de toutes ces petites patries, dont chacune a son trésor, plus ou moins caché, de richesse ou d’intérêt ; que de son sol inépuisablement fécond émanent tant de fruits variés dans l’ordre matériel comme dans l’ordre idéal ; que c’est elle qui fait mûrir les vignobles d’Anjou et de Touraine, de Champagne et de Bourgogne, dont chacun a son délicieux bouquet propre, et qu’elle fait en même temps surgir à leur heure tantôt les orateurs et les dialecticiens en vers, les Malherbe et les Corneille, tantôt les exquis poètes et les rêveurs délicats, tels que les Ronsard, les Baïf et les Racan, — alors nous puiserons dans cette pensée une ardente raison pour ne jamais désespérer de notre France et pour la chérir toujours davantage ».

1er  mars 1900.

P.-S. — La vieille maison de Champmarin s’étant trouvée à vendre quelques années après et étant menacée de des-