Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/169

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sonnière, où est né Ronsard, à quelques lieues en amont du manoir des Pins que se construisit Antoine de Baïf. Je pensai que la coïncidence fournissait un symbole de ses affinités littéraires et en contenait même peut-être une part d’explication.

Il put y avoir, en effet, une influence exercée sur lui par l’Anjou, tout d’abord. On m’objectera, ainsi que l’a fait malicieusement l’un de mes juges du doctorat : Comment admettre qu’un enfant qui n’a passé que quinze jours dans un pays, puisse en garder la moindre trace ? — Il n’y a point encore de science précise de ces phénomènes, mais nous nous sommes demandé dans notre étude d’Introduction, pourquoi aussitôt après notre naissance, nos organes, encore tout frêles et impressionnables, ne recevraient pas, de tout ce qui les entoure, de secrètes influences de sol et de climat, qui seront indélébiles ? Nous croyons fermement à la liberté humaine, mais nous savons bien aussi que les enfants, nés dans tels pays, sont généralement de tels goûts et de telles tendances déterminés, et la liberté, qui peut toujours résister à ces tendances, est néanmoins fortement stimulée par elles à s’exercer de tel ou tel côté. Combien de temps faut-il pour qu’elles s’implantent ? combien d’années, combien de jours ? Nul ne le sait, mais il est probable que cette action du milieu s’exerce avec d’autant plus d’efficacité que le sujet est plus jeune.

Aussi bien, pour ce qui est de Racan, et sans