Page:Arnould - Quelques poètes, 1907.djvu/166

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
148
QUELQUES POÈTES

Conrart, il eut une de ces idées soudaines et hardies dont il était coutumier : emmener son enfant, qui « lui estoit fort cher », avec la nourrice, en laissant, naturellement, Marguerite à Champmarin, et, les armes à la main, les faire passer dans son château de la Roche-au-Majeur, qui était beaucoup mieux fortifié que le manoir de Champmarin. Car le château de la Roche n’avait point encore le gracieux aspect d’une maison de plaisance, que lui a donné Racan en le reconstruisant et qu’il a conservé depuis ; c’était une vieille forteresse féodale qui s’élevait à pic sur le vallon ; le ruisseau baignait ses tours, lui faisant des douves d’eau vive : il n’avait donc besoin d’être défendu, pour ainsi dire, que d’un seul côté, celui où il s’appuie à la montagne.

Le capitaine assemble en hâte quarante gentilshommes de ses amis et cent vingt mousquetaires, et il se met en route avec son précieux trésor, le 21 ou le 22 février. C’était la rivière du Loir et six lieues de pays à traverser. Il espérait tromper l’attention de ses ennemis. Mais ceux-ci veillaient. Un parti de la Ligue le surprend et l’oblige à livrer combat : il met l’enfant avec la nourrice derrière un chêne, et il s’ouvre un passage, pendant que plusieurs coups de mousquet viennent frapper contre l’arbre… Enfin l’on arriva sain et sauf derrière les bonnes tours du château de la Roche.

Le curé de la paroisse nouvelle mentionna