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QUELQUES POÈTES

Plus tard, comme maréchal de camp, il devait prendre une part importante à la bataille de Craon, livrée, dans le Maine, au duc de Mercœur et aux Ligueurs de l’Ouest, et son conseil militaire, s’il eût été bien exécuté, aurait sans doute épargné un désastre aux troupes royales.

Son caractère paraît avoir été généralement peu sympathique : il était entier et altier. Un de ses compagnons d’armes de Craon déclare amèrement que « le sieur de Racan se tenoit pour grand capitaine ». En 1572, au lendemain de la Saint-Barthélémy, il prétendit imposer à la ville de Sancerre le gouverneur choisi par le roi ; mais un furieux assaut des bourgeois s’empare du château, et Louis de Bueil n’a que le temps de se sauver par une poterne ouverte sur les champs, pendant que le complice qui lui avait livré les portes est assommé par la populace. |

En 1577 il suivit à Saint-Malo son frère aîné Honorât, qui venait d’en être nommé gouverneur, et il fit une fâcheuse impression sur les Ligueurs de cette ville, comme le déclare l’un d’eux en un journal manuscrit : « Honorat de Bueil estoit accompagné du sieur de Racan, son frère, qui, jeune et fort insolent, se persuada d’estre arrivé chez quelques sauvages ou comme en un pays de conqueste auquel tout lui fust permis, tellement que de jour et de nuit, il commit plusieurs actions qui nous donnèrent sujet d’en faire plainte audit gouverneur, lequel ne nous fit aucune satisfaction. »