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coteaux bleutés. Devant soi se dresse la façade, percée de fenêtres à meneaux, qui montrent le rajeunissement Renaissance pratiqué, au 16e siècle, sur la vieille maison féodale. À gauche du logis s’élancent, comme de légères fusées de pierre, quelques nervures gothiques , derniers restes intérieurs de la chapelle qui a été par degrés détruite. Par derrière s’élève une vigne, puis une garenne de chênes, de pins et de châtaigniers, où est adossée la maison : de là, la vue est charmante, particulièrement en été, sur tout le val, et, en distinguant les diverses lignes de saules et de peupliers, parallèles à la rivière, qui semblent s’avancer vers vous comme des vagues de verdure, on se demande si ce spectacle n’a pas éveillé dans l’esprit de nos lointains ancêtres l’idée d’un large bras de mer : Champmarin, Montmarin[1].

En descendant de ce bel observatoire, j’entrai dans la maison, qui est principalement composée, à chaque étage, de deux vastes salles à poutrelles, chacune ornée d’une haute cheminée fortement taillée. Au rez-de-chaussée, l’une de ces pièces spacieuses servait de cuisine aux fermiers : une antique Vierge la préside, sculptée naïvement et encastrée dans le mur ; l’autre pièce avait été divisée en deux chambres à coucher. Les deux

  1. Mon savant collègue, M.  Ernault, m’apprend qu’ « il est possible que marin se rapporte, dans les deux noms de lieu, non à la mer, mais à une mare, un terrain marécageux ». Cette étymologie se justifierait pour Champmarin par des prairies marécageuses, qui s’étendent un peu plus bas.