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QUELQUES POÈTES

dit-on, ne vivent pas toujours en parfaite harmonie, s’entendent du moins, sans le savoir, pour nous apporter d’utiles secours : ce sont nos correspondants naturels dans les 36.000 communes de France. Soit laïque, soit ecclésiastique, mon correspondant me confirma l’existence de la vieille ferme à 1.200 mètres du bourg et m’apprit qu’elle appartenait à M.  le duc de Grammont. J’écrivis au propriétaire, qui m’octroya gracieusement l’autorisation de visiter sa ferme, et, un matin ensoleillé, j’aboutis enfin à Champmarin, un peu ému à la pensée de tous les vieux souvenirs que j’allais remuer et dont je me sentais encore seul à détenir le secret.

Une vieille avenue de noyers conduit de la sortie du bourg au manoir. Devant la porte, un puits arrondit son bonnet de coton sarthois de vieilles pierres. Derrière, un haut mur percé de trois larges baies en arcades, dont deux sont maintenant aveuglées, faisait par une entrée large et loyale pénétrer dans la vaste cour d’honneur. Là, se présentent à gauche les caves et communs, en partie creusés dans le roc, et jadis surmontés d’un pignon (j'avais à la main, pour aider ma reconstitution, un Aveu de Champmarin, daté de 1607, et copié aux Archives nationales). À droite, c’étaient les quatre arpents des jardins clos de murs et coupés par les anciens fossés ; ce sont aujourd’hui des champs qui dévalent en pente douce vers la plaine du Loir, large et fertile, terminée, à distance, par un horizon de